mardi 25 septembre 2012

étape 50 : VEGA DE VALCARCEL - SAMOS -41 km

lundi 11 juin 2012


  Au programme du jour : de la pluie, du vent et de la boue. Une quarantaine de kilomètres par monts et par vaux avec ascension de deux cols dont le célèbre Cebreiro. Le climat irlandais (pluie, 18°C maxi) s'associe au relief pyrénéen pour m'offrir une journée de marche difficile à des années-lumière des belles photos ensoleillées de mon guide qui revêt soudain des allures de dépliant touristique.

  J'ai retrouvé Serge sur le chemin et nous passons ensemble le Cebreiro, la tête dans les nuages, le reste sous la pluie. Un village improbable, croulant sous l'humidité, permet au pèlerin de s'abriter quelques instants derrière le granit de ses murs et le chaume de ses toits. La Castille si proche et déjà si loin cède la place à la Galice avec son climat de bout du monde.

  Puis nos chemins se séparent, notre rythme de marche différant trop. A la sortie de Triacastela, devant un carrefour aux indications peu claires, je prends la direction de Samos, un peu par hasard. Après des heures de marche en forêt pluvieuse, j'arrive soudain au-dessus de la petite ville que j'aperçois dans une échancrure de la végétation, blottie au fond du vallon, rassemblée autour de son grand monastère bénédictin.

  Sans doute est-ce dû aux conditions pénibles de la journée, toujours est-il qu'en descendant rapidement vers Samos, je ressens un soulagement que j'imagine proche de celui que devaient vivre les pèlerins d'antan, harassés par l'exigence du chemin. J'y découvre un gîte régional splendide mais presque vide car la branche du chemin par Samos est une variante moins fréquentée.

  Mes deux repas pris au restaurant ce jour-là furent marqués par le contraste. A midi, la tablée voisine, française, était fort préoccupée par le confort et l'emplacement des lits, et une dame sans doute fraîchement retraitée ira s'en inquiéter plusieurs fois pour rapporter à la tablée ses impressions. Monsieur, qui lui enjoignait vivement de les essayer, glosera sur son parcours remarquable de vingt kilomètres en critiquant des pèlerins qui s'apprêtaient à repartir, jouant avec leur santé en ne respectant pas le temps de digestion.

  A l'opposé de cet égo-centrisme, le soir, j'aborde un pèlerin solitaire pour lui proposer de dîner ensemble. Il a une allure d'artiste qui me plaît bien et nous engageons une conversation intéressante qui durera une heure et demie. François-René, très simple, a eu une longue carrière de musicien international, célèbre et aisé, avant de tout arrêter pour se consacrer à ce qu'il aime, faire découvrir la musique classique dans les quartiers, les prisons, jouant avec les gens du cirque. Cette rencontre semblait si irréelle qu'il m'a fallu questionner Internet à mon retour pour m'assurer qu'il n'était pas un affabulateur. Une pépite de plus sur le chemin.



nb : vidéos tournées en 1080p ; si chargement trop lent en plein écran, passer en 720p ou 480p





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