mercredi 17 octobre 2012

étape 53 : ARZUA - SANTIAGO - 41 km

jeudi 14 juin 2012


  Jour singulier qu'aujourd'hui. Je vais voir la cathédrale, aboutissement de ce long voyage entrepris il y a plus de deux mois. Presque la fin d'un rêve ayant débuté il y a des décennies à la suite d'un article lu dans une revue dont les photos et le récit m'avaient fait rêver, entretenu ensuite au fil des lectures et de films, abouti enfin par la concrétisation du pèlerinage.

  L'arrivée à Santiago par un temps humide, pluvieux parfois est un peu frustrante, peu revigorée par l'énorme sculpture au Monte del Gozo mais vivifiée par la stèle Santiago placée à l'entrée de l'agglomération. Je poursuis le chemin tracé et m'enfonce dans la ville, cette belle ville espagnole au passé et aux monuments si riches et nombreux.

  Soudain, j'arrive sur une placette animée par un son de cornemuse provenant du porche situé devant moi. La cathédrale est là, à gauche, m'offrant une façade secondaire. Il me faut passer le porche, instant émouvant renforcé par la musique.Je sais bien qu'il s'agit d'une position stratégique pour le musicien de rue mais sait-il, lui, combien son jeu renforce l'émotion de cet instant où l'on passe de cette longue marche, de cette quête personnelle, à la magie du moment où on peut dire "j'y suis, je l'ai fait" ?

  14 h ; débouchant plazza de l'Obradoiro (place de l'orfèvre en galicien), je me tourne vers la gauche. La cathédrale m'écrase immédiatement de son imposante masse, large, puissante, prolongée de part et d'autre par des locaux qui en assoient la grandeur. Avec son style baroque hissé sur un imposant escalier, ses statues innombrables de Saint-Jacques, ses pierres mangées par le lichen dans les hauteurs, elle incite au respect. J'entre par une porte latérale car l'entrée principale et son portique dit de la Gloire est en cours de restauration. L'intérieur, clair, sobre, de style roman n'est pas aussi vaste que la façade le laisse présager mais il étonne immédiatement par les retables somptueux et par la richesse du choeur où le baroque extravagant s'habille d'or à profusion. Le botafumeiro, énorme encensoir en laiton argenté de 50 kg et 1,60 m de haut, est là-bas, suspendu à la croisée du transept. Mais ce qui me frappe le plus, c'est l'orgue. Situés au centre de l'édifice, se faisant face, deux splendides buffets supportent les lourds tuyaux verticaux de montre ainsi qu'une double rangée de tubes horizontaux placés dans la positon dite en chamade, assez fréquente en Espagne. Je pense immédiatement aux trompettes clamant la gloire de Saint-Jacques mais aussi à des pinces de crabes prêts à s'affronter, évocation sans doute involontaire de la part du facteur d'orgue et fruit de mon esprit déviant...

  Après avoir fait le tour du déambulatoire, je sors pour présenter ma crédentiale au bureau des pèlerins et obtenir la Compostella. Par chance, il n'y a aucune attente quand j'arrive et la délivrance du précieux document ne dure pas cinq minutes. Muni de celui-ci, je pars à la recherche d'un hébergement que je trouverai sans trop de difficultés.

  Le restant de la journée, je déambule dans les rues du centre ancien, sans voiture comme toujours. Je repasse souvent devant la cathédrale, véritable centre névralgique, sur la belle place de l'Obradoiro, délimitée au nord par l'hôtel des Rois Catholiques (ancien hôpital de pèlerins reconverti en hôtel de luxe) et à l'ouest par le palais de la présidence de Galice. A 20 h, je me recueille un moment devant l'orchestre classique qui gratifie les personnes présentes de belles oeuvres dans l'acoustique parfaite de la place de la Quintana, accolée à l'arrière de la cathédrale.

  Rentrer au gîte m'est difficile car je voudrai prolonger jusqu'à la nuit et même au-delà cette journée si particulière. Pourtant, le vent froid parvient à me chasser des ruelles et me poussse vers un repos bien mérité.



nb : vidéos tournées en 1080p ; si chargement trop lent en plein écran, passer en 720p ou 480p








 nb : cliquer sur les images pour les agrandir  
                                                       


                                                     




































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire