la durée

  Selon la durée retenue pour le cheminement, les effets seront différents.

  Bien entendu, à raison de 25 à 30 km quotidiens,une semaine de marche permettra de parcourir un tronçon de 150 à 200 km, le triple à vélo. Si on dispose de 2,5 à 3 mois, le chemin sera fait en une seule fois ; compter 4 à 5 mois pour les pèlerins des pays limitrophes rejoignant Santiago depuis chez eux, chose courante dans les pays nordiques.

  Ce sont là les effets purement comptables de la mise bout à bout d'une infinité de petits pas dont, c'est bien connu, seul le premier coûte. Quoique, avec les tendinites...

  La deuxième série d'effets est plus psychologique.

  - une semaine naît dans le plaisir de l'aventure et se termine rapidement en repensant au train pour rentrer, au travail de la semaine prochaine, etc... Le même ressenti qu'à chaque semaine de vacances prise durant son année de labeur. Avantage : on n'a pas vraiment le temps de connaître les premières souffrances physiques, ou peu ; inconvénient : on n'a pas non plus le temps de prendre du recul, de s'abandonner dans le pèlerinage.

  - avec deux semaines, on dispose du temps nécessaire pour se déconnecter, prendre du recul et on fait un bon bout du chemin. On renforce aussi l'organisme ce qui hélas ne met pas à l'abri des redoutées tendinites. Le rythme commence à s'installer.

  - trois à quatre semaines devant soi permettent d'envisager la totalité d'un chemin français ou espagnol. Le rythme est là, le déroulement quotidien ménageant ses surprises berce les étapes, l'immersion dans le pèlerinage est totale. Le corps est aguerri si on a été progressif dans l'effort, les ampoules se font oublier et le sac paraît moins lourd. Libéré des contraintes de la "vraie vie", l'esprit se rend perméable aux rencontres, aux réflexions, à ses quêtes diverses.  C'est vrai à condition toutefois de ne pas répondre à tout moment au téléphone portable ce qui se voit parfois. On vit des moments de pur plaisir renvoyant à l'insouciance enfantine. Au bout du compte, au bonheur d'avoir vécu quelque chose de différent se mêle la contrariété du retour au normal. C'est promis, on reviendra.

  - sans limite de temps,on vit toutes les étapes ci-dessus en ayant ensuite l'esprit happé par l'arrivée à Santiago ( les 100 derniers kilomètres sont plus ou moins balisés régulièrement). De la corne s'est installée sous les pieds, les étapes s'allongent à 50 km, on mène une vie de pèlerin, une vie de chemineau, le vagabondage en moins. Parvenu à Saint-Jacques, on se dit :"voila, c'est fini, et maintenant ?" Et puis on prolonge, on poursuit vers Fisterra, là où il faut bien s'arrêter. C'est alors qu'on prend vraiment conscience que tout à une fin, qu'en principe il faut rentrer. Certains ne rentreront jamais, enchaînant vers d'autres chemins ; d'autres feront le retour à pied, histoire de poursuivre cette fantastique aventure ; d'autres encore se promettront de revenir pour l'ambiance, pour les moments de joie, pour la foi.

  Ainsi, de la simple semaine , hésitant entre pèlerinage et randonnée, au voyage au long cours survolant plusieurs mois et s'enfonçant dans l'essence du chemin, chacun peut rapporter de sa pérégrination un morceau de la magie du Camino.

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