la marche

  A la fois source de plaisir (grand) et de souffrance (petite), la marche constitue l'essence même du pèlerinage. La pratique quotidienne et l'expérience du chemin permettent en un mois de passer de 25 km à 45 km et plus par étape. Loin de la quête sportive, de telles distances prolongent cette connivence avec la nature, les paysages, l'ambiance du chemin, et les moments de pure rêverie et de réflexions qui s'instaurent dans la durée. Parfois aussi naissait l'envie de pousser la machine très loin jusqu'au moment où il fallait bien s’inquiéter du gîte du soir. De cette expérience de deux mois, j'ai tiré les enseignements qui suivent.

- même pour un bon marcheur de randonnée sur un weekend, commencer par de petites étapes de 20 à 25 km à vitesse de 4 km/h car c'est la répétition quotidienne pendant des jours qui use, générant ampoules et tendinites.
- au début, se ménager des pauses toutes les 2 h, pieds déchaussés pour les sécher. S'arrêter et sécher les pieds dès qu'on ressent la moindre petite gêne ; il ne faudra pas 1/4 h de plus pour créer une ampoule.
- en cas de survenance et si elle ne fait pas souffrir en marchant, ne pas percer (fragilisation de la zone, source d'infection, protection nécessaire). Pour ma part, mes rares ampoules aux orteils se sont résorbées  sans enlèvement de peau, sans pansement qui se décolle et sans réelle gêne (tout au plus une journée).
- face aux intempéries, ne pas forcer pour maintenir l'étape prévue mais adapter sa progression pour que l'effort reste le même.
- marcher dans l'herbe est plus confortable que sur la terre battue, elle-même moins fatigante que le goudron ou le béton, mais ce qui fait vraiment la différence, c'est la planéité du chemin suivi. Ainsi, on fatigue moins à marcher au milieu du goudron d'une petite route de campagne bombée que sur le bas-côté enherbé mais déformé et incliné dans tous les sens.
- lors des montées, incliner son corps vers l'avant. Ça présente le double avantage de déplacer son centre de gravité dans le bon sens et d'améliorer l'efficacité de la poussée sur les jambes, un peu comme les cyclistes qui s'incline sur leur vélo pour accélérer ou gagner en vitesse. Penser aussi à réduire la longueur des pas pour maintenir un effort constant malgré la pente ce qui diminue considérablement la fatigue, la tension dans les muscles et l'essoufflement.
- dans les descentes, incliner son corps vers l'arrière ce qui évite l'emballement et réduit les efforts sur les genoux pour ralentir. De plus, en cas de glissade,on se retrouve sur les fesses au lieu de terminer à plat-ventre. Le pied se posant naturellement sur les talons, il faut amortir les pas par une légère flexion des jambes, marcher en souplesse.
- le sac à dos bien équilibré et bien sanglé doit reposer sur le bassin et non sur les épaules de façon à ce que les efforts ne soient pas supporter par la colonne vertébrale et ses muscles de soutien mais par une structure osseuse forte, directement reliée aux jambes. Pour cela, il suffit de serrer la sangle ventrale du sac au niveau de la ceinture d'un pantalon puis de régler les bretelles pour éviter les balans en tout sens. Ainsi réglé, le sac à dos ne pèse pas plus sur les épaules lorsqu'on grimpe une côte en s'inclinant, le bassin portant la charge.
- marcher sous le soleil demande des précautions (crème, lunettes, casquette, etc...). Pour ma part, j'ai éliminé les risques de brûlure et les contraintes de protection souvent inefficaces en cheminant en pantalon et tee-shirt à manches longues. L'isolation est très bonne, on ne ressent pas la chaleur et les besoins en eau sont diminués (1 l par jour durant la marche plus 1 l en dehors).
- marcher dans le froid fait appel au principe des trois couches superposées selon les besoins : tee-shirt, pull et veste polaire. A ce sujet, ne pas se débarrasser de sa polaire sitôt en Espagne, on sera bien content de la porter pour franchir les cols même en été.
- marcher sous la pluie est très pénible au début puis on s'y habitue. Pour s'en protéger, avoir un pantalon imperméable est bien mais pas indispensable. Pour le haut du corps,la solution k-way vous évitera d'être trempé par la pluie mais pas d'être détrempé par votre transpiration (le sauna en marchant). Il existe aussi des vestes polaires imperméables.  Dans ces deux cas, nécessité de protéger le sac à dos par une housse qui trop souvent couvre mal et ne joue pas correctement son rôle. Ce type de protection (corps et sac séparés) est insensible au vent et permet facilement de déposer son sac. L'autre protection utilisée est le poncho plus ou moins long qui recouvre la tête, le corps et le sac. Plus efficace en terme de protection et de sudation, il est parfois sensible au vent qui s'engouffre et n'est pas pratique pour le dépôt du sac.
- l'alimentation en chemin doit être facile d'accès et ne pas nécessiter la dépose du sac, pas toujours facile dans les passages où tout est détrempé après une forte pluie.
- boire en marchant est indispensable. Combien de litres ? Forcément variable entre les bavards en tee-shirt et short et les solitaires protégés du soleil. Sans aller jusqu'aux excès préconisés par certains, influencés sans doute par les préconisations des multi-nationales de l'eau en bouteille, il faut boire en fonction des besoins ressentis et de ses urines (couleur et quantité). L'eau pesant 1 kg/l, inutile de se surcharger car elle est disponible tout le long du chemin espagnol, moins en France où il fait généralement moins chaud. Si vous choisissez de grandes bouteilles en plastique pour la transporter, vous devrez les placer dans les filets du sac : eau chaude garantie en moins de deux heures et accès peu pratique.En revanche, si vous optez pour de petites gourdes métalliques, vous en placez une dans une housse légèrement isolante accrochée devant, à la ceinture du sac à dos : accès facile, protection à l'égard du soleil en Espagne, maintien de la fraîcheur. Vous en glissez une autre dans le sac sous un vêtement ou une serviette qui restera fraîche dans l'après-midi.


2 commentaires:

  1. Si le problème d'approvisionnement survient, il ne faut jamais hésiter à aller au devant des personnes, qui à sonner chez les gens!
    Autre solution, et non des moindres, sachez que chaque cimetière ou presque est équipé d'une alimentation en eau POTABLE! Bon à savoir...

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    1. Quitte à demander l'adresse du cimetière, autant demander de l'eau !

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