les craintes

  Se lancer dans un long pèlerinage entraîne forcément quelques inquiétudes qu'on peut minimiser en préparant son parcours, surtout si on part seul.

  Le gîte et le couvert sont parfois difficile à trouver sur les voies les moins fréquentées ou en dehors de la période habituelle des pèlerinages. Inutile d'emporter une tente, on trouve toujours une solution.

  Le risque de s'égarer existe, pas celui de se perdre, sauf peut-être dans le brouillard parfois au passage des Pyrénées. Là aussi, les différentes voies ne sont pas logées à la même enseigne. Curieusement, c'est en ville que le balisage est le plus aléatoire et on apprécie qu'en Espagne une bonne âme soit toujours là pour vous indiquer que vous faites fausse route et vous renvoyer sur le chemin.

  Les intempéries peuvent être une source de grand déplaisir, surtout lorsqu'on a faim et qu'aucun abri n'est en vue pour faire halte. En fait, je me suis habitué très vite à marcher sous la pluie et avec le vent. Après, on voit ça comme une petite contrainte qui crée parfois de vrais désagréments : boue, pierres glissantes... Au bout d'un moment, on ne souhaite plus forcément le beau temps mais on accepte le temps comme un élément de la nature, si belle.

  Les petits bobos trouvent généralement leur solution dans la trousse à pharmacie et les zones traversées ne sont pas encore des déserts médicaux ! Quant aux ampoules et aux tendinites, ils sont en partie évitables et sont un frein aux ardeurs mais rarement une raison d'abandon.

  Les puces existent, c'est vrai, mais je n'en ai jamais rencontré. Il existe des produits et des méthodes de protection plus ou moins contraignants. Pour ma part, je me glissai tout le temps dans mon sac à dodo et je protégeais ma tête par une taie d'oreiller posée sur celui-ci ou sur ce qui en faisait fonction.

  Les chiens sont craints des futurs pèlerins, surtout les espagnols. En fait, si on ne les approche pas de bon matin avant le jour, il n'y aura guère de problème. Je les ai trouvé moins nombreux en Espagne qu'en France, généralement attachés et ceux en liberté rencontrés dans les villages étaient indolents, couchés en travers de la rue, daignant juste lever les yeux pour jauger le danger avant de replonger dans leur sieste. En France, ce fut autre chose : aboiements incessants, agressivité derrière les clôtures des pavillons, chiens me poursuivant sur la route, toutes canines dehors.

  Autre souci récurrent du pèlerin : le vol. Dans les albergues et pour des raisons bien compréhensibles de responsabilité, des notes affichent une mise en garde. Inévitablement, ça peut créer un climat de craintes. Dans les faits, très nombreux sont les pèlerins qui laissent sans surveillance leurs appareils lors des recharges. Une confiance peut-être exagérée mais souhaitable règne et comme ces appareils sont d'une grande banalité on parie sur le désintérêt à les voler. Jugeant inutile de tenter le diable, j'emportai prudemment ma ceinture-banane contenant appareils et argent avec moi à la douche et la glissais sous mon oreiller pour la nuit.

  En définitive, je crois qu'il faut faire confiance en la Providence et les bonnes surprises du chemin sont là pour le rappeler. Si malgré tout un problème survient, cherchons d'abord si on en n'est pas le premier responsable puis prenons ça comme une épreuve dont on tirera un enseignement. C'est bien ça la vie, non ?



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