les étapes

  Pour le pèlerin à pied, une longueur moyenne de 25 km est prise comme base quotidienne d'étape. A une vitesse de 4 km/h, ça représente 6 heures de marche ce qui en inquiète plus d'un, surtout avec un  sac sur le dos. Au demeurant, c'est tout à fait raisonnable et il n'est pas nécessaire pour tenir ce rythme d'être sportif ou jeune, il suffit d'être en bonne santé. Quant bien même celle-ci serait déficiente, il suffit de réduire la longueur des étapes et de se ménager dans les passages plus difficiles pour pouvoir accomplir ce pèlerinage.

  Au départ de Vézelay, j'ai discuté avec l'hospitalier, sportif et âgé, qui me racontais son pèlerinage depuis les pays baltes à raison de 45 km par jour alors qu'il avait déjà 70 ans. Ça me paraissait ahurissant. Pour ma part, avec ma soixantaine sportive, il ne m'avait fallu que 10 jours et 270 km pour hériter de deux tendinites. Mais après repos et réflexion, l'expérience de ces 10 jours digérée, je suis reparti pour atteindre au bout d'un mois des étapes de 40/45 km avec 50 et 60 franchis en terrain plat et 55 km en Galice, région pas vraiment réputée pour son absence de relief. Donc, c'est faisable.

  Dans les guides, la longueur des étapes proposées ne peut être à géométrie variable et les fins sont conditionnées par l'intérêt du lieu et par les possibilités d'hébergement. Après, chacun est libre d'adapter son parcours, les guides mentionnant de nombreuses possibilités intermédiaires de repos. Calquer tout son cheminement sur ceux-là conduit vite à voyager en groupe constitué, toujours le même qu'on retrouve le soir à chaque étape. En revanche, se déphaser multiplie les rencontres. A chacun de voir selon son humeur.

  L'étape standardisée permet aussi de ne marcher que le matin donc avant les grosses chaleurs en été et laisse du temps pour visiter les villes. Cependant, beaucoup d'auberges espagnoles ouvrent vers 16 h, aussi les visites se feront sac au dos en début d'après-midi. Ensuite, c'est la bousculade pour le choix des lits en dortoir, le passage à la douche, le lavage du linge et l'accès aux prises électriques. Une étape beaucoup plus longue se terminant entre 16 et 18 h s'affranchi de ces inconvénients mais laisse moins de temps pour les visites.

  En ce qui me concerne,j'ai toujours trouvé que la soirée était suffisante pour visiter les villages et petites villes et qu'y ajouter une après-midi était bien trop juste pour apprécier toutes les richesses des grandes villes. Ayant fait le choix réfléchi de ne pas céder à la tentation du tourisme, j'ai préféré marcher plus longtemps chaque jour et je conditionnais le choix du lieu d'arrivée à ma forme du moment, à la distance qui me séparait de la halte suivante et aux possibilités d'hébergement.

  Ainsi, je restais concentré sur le chemin et les moments de solitude vécus l'après-midi en Espagne figurent parmi mes plus beaux souvenirs. A bien me remémorer le parcours, ce sont même les arrivées entre 17 et 19 h qui ont été les plus belles, sans doute aussi en raison de la délivrance ressentie devant le gîte que l'on apprécie pleinement. Dans ces étapes de dix à onze heures de marche, l'esprit est tout entier tendu vers le but, atteindre Saint-Jacques, les arrêts n'étant plus dictés que par la nécessité. Plus qu'une ambition sportive ou un refus de se mélanger, c'est probablement une sorte de retraite spirituelle, une mise à distance de la société.



1 commentaire:

  1. A méditer...
    J'en reviens à ma réflexion sur la longueur de vos étapes, et vos arguments me parlent!

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